Afrique de l'OuestMonde

Bénin : Des voix s’élèvent pour réclamer la vérité sur le coup d’État prétendument déjoué

L’affaire du prétendu coup d’État déjoué de septembre 2024 continue de susciter de vifs débats au sein de l’opinion publique béninoise. Plusieurs figures politiques, intellectuelles et de la société civile expriment leurs doutes quant à la véracité des faits avancés par le procureur de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Ousmane Batoko, Candide Azannaï, Théodore Holo, Jean Eudes Mitokpè et Michel Alokpo font partie des personnalités qui remettent en cause le récit officiel et réclament la vérité sur cette affaire.

Ousmane Batoko : « Il y a quelque chose qui ne va pas »

L’ancien président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, a récemment pris la parole pour exprimer ses inquiétudes concernant l’état actuel du système politique au Bénin. Selon lui, la situation est marquée par une grande confusion, en dépit du fonctionnement apparent des institutions. « On ne gère pas un système démocratique dans lequel on a des échos de coup d’État, » a-t-il déclaré. Batoko a ainsi exprimé ses doutes sur la réalité de ce prétendu complot et a appelé à un dialogue direct avec le président Patrice Talon pour discuter des tensions qui secouent le pays. Pour l’ancien magistrat, cette affaire de coup d’État semble être le symptôme d’un malaise profond au sein des élites dirigeantes.

Candide Azannaï : « Une gouvernance de la bêtise »

Candide Azannaï, ancien ministre et président du parti Restaurer l’Espoir (RE), est l’une des voix les plus critiques à l’égard du gouvernement dans cette affaire. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, Azannaï a dénoncé ce qu’il appelle une « gouvernance de la bêtise » et a remis en cause la réalité du coup d’État présumé. Selon lui, il ne s’agit que d’un « montage politique » . Il a comparé cette affaire à celle de 2013, qui avait également mis en scène une tentative de coup d’État contre Patrice Talon, mais qui s’était conclue par des ordonnances de non-lieu. Pour Azannaï, ce scénario ne sert qu’à orchestrer des règlements de comptes politiques sous couvert d’accusations fallacieuses.

Théodore Holo : « Un abus de langage »

Sur une télévision locale, l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Théodore Holo, a également exprimé ses réserves sur l’affaire. Selon lui, le terme « coup d’État » est un abus de langage dans ce contexte. Holo a expliqué que, pour qu’un coup d’État soit reconnu juridiquement, il faut la prise de pouvoir par une autorité militaire ou une suspension de la Constitution, ce qui n’est pas le cas ici. Il qualifie plutôt cette affaire de « menace sur la sécurité de l’État » ou d’une « atteinte à la sûreté de l’État ». En procédant à cette clarification sémantique, Holo met en lumière l’inadéquation des accusations portées contre Olivier Boko et Oswald Homeky, deux personnalités accusées dans ce dossier.

Jean Eudes Mitokpè : « Des preuves falsifiées »

De son coté , Jean Eudes Mitokpè, leader du mouvement OB26, a été particulièrement virulent lors de sa conférence de presse du 28 octobre 2024. Il a dénoncé la présentation de preuves qu’il qualifie de falsifiées, notamment des transactions bancaires prétendument réalisées par le Colonel Tévoédjrè pour préparer le coup d’État. Selon lui, la NSIA Banque, citée dans les déclarations du procureur, a formellement démenti ces transactions, ce qui remet en question la crédibilité des accusations. Mitokpè a appelé à la libération immédiate des personnes détenues dans cette affaire, soulignant que cette manipulation judiciaire met en péril l’État de droit au Bénin.

Michel Alokpo : « L’opinion publique ne comprend rien »

Michel Alokpo, acteur de la société civile, a également exprimé son désarroi face à cette affaire. « L’opinion publique ne comprend rien », a-t-il déclaré, en soulignant la confusion généralisée autour de ce prétendu complot. Pour lui, les Béninois sont laissés dans l’ombre, sans informations claires sur les preuves avancées. Il a appelé à une plus grande transparence et à un respect scrupuleux des procédures judiciaires, afin d’éviter une manipulation de l’opinion publique.

Un appel unanime à la transparence

Ces personnalités, issues de différents horizons politiques et institutionnels, réclament toutes la même chose : la vérité. Elles doutent des preuves présentées par le procureur et s’interrogent sur les motivations réelles derrière cette affaire. Les citoyens béninois, de leur côté, attendent des réponses claires sur cette supposée tentative de coup d’État, qui semble plus que jamais entourée de mystères. Si la justice veut restaurer la confiance, elle devra apporter des éclaircissements concrets et mettre fin à l’opacité qui entoure ce dossier.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page