Ce dimanche, les Mauriciens sont appelés à voter lors d’une élection parlementaire cruciale, marquée par une série d’accusations de corruption et un récent scandale d’écoutes téléphoniques. Le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, espère obtenir un second mandat après son accession au pouvoir en 2017, mais la confiance des électeurs semble ébranlée.
Depuis plusieurs mois, Jugnauth fait face à une baisse de popularité due à des allégations de mauvaise gestion et de corruption. Le scandale des écoutes, qui a récemment secoué le pays, a révélé des conversations sensibles entre des politiciens et des hommes d’affaires. Cette fuite a provoqué une suspension temporaire des réseaux sociaux à Maurice, suscitant de vives critiques sur la transparence et l’état de la démocratie dans l’île.
Une démocratie en perte de confiance ?
Selon des sondages récents, la population mauricienne exprime un profond mécontentement vis-à-vis de la situation politique du pays. Environ 66% des Mauriciens estiment que leur pays est sur la mauvaise voie, tandis que 72% considèrent que la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois. Plus inquiétant encore, seulement 32% de la population pense que la démocratie fonctionne correctement à Maurice.
Ces chiffres, qui illustrent une crise de confiance envers les institutions, rappellent ceux observés dans d’autres pays africains, comme le Botswana, où un mécontentement similaire a précédé des bouleversements électoraux.
Un scrutin sous haute tension
Lors de cette élection, les Mauriciens voteront pour 62 sièges au Parlement. Le parti de Pravind Jugnauth, l’Alliance Morisienne, fait face à une forte concurrence de la part de l’opposition, menée par Navin Ramgoolam, ancien Premier ministre et leader de l’Alliance Nationale. Les observateurs estiment que cette élection pourrait voir un bouleversement si le mécontentement populaire se traduit dans les urnes.
Bien que Maurice soit reconnue comme l’une des démocraties les plus stables d’Afrique, ce scrutin s’annonce déterminant pour l’avenir du pays. Depuis son indépendance en 1968, l’île a construit une économie solide, fondée sur les secteurs du tourisme, des finances et de l’agriculture. Mais avec une population de plus en plus sceptique face à ses dirigeants, cette élection pourrait être un tournant dans l’histoire politique de Maurice.