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Le Mali, le Burkina et le Niger rejettent la période de transition de six mois proposée par la Cédéao

Il y a 8 jours, les chefs d’États de la Cédéao ont acté le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de leur communauté, à compter du 29 janvier prochain. Cela tout en instaurant un délai de six mois, soit une période de transition pour organiser ces départs de l’institution, pour permettre également la poursuite des médiations avec les militaires au pouvoir dans les trois pays. Les militaires ont fustigé cette décision de Cédéao, en rejetant ces six mois de transition et ont accusé directement la France d’en être à la manœuvre.

Les pancartes et sièges du Niger et du Mali lors de la 66e session ordinaire de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à Abuja, au Nigeria, le 15 décembre 2024.
Les pancartes et sièges du Niger et du Mali lors de la 66e session ordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à Abuja, au Nigeria, le 15 décembre 2024. © REUTERS – Marvellous Durowaiye

Affichant les armoiries des trois pays, le communiqué de l’Alliance des États du Sahel (AES), lu à la télévision par le Colonel Amadou, l’un des proches d’Assimi Goita, est titré « déclaration des chefs d’État ». Pour les leaders des juntes, le délai de six mois imposé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est une manipulation, une tentative de déstabilisation de l’AES téléguidée, notamment, par les autorités françaises.

« La décision de prolonger pour six mois le retrait du Burkina, du Mali et du Niger de la Cédéao comme étant une énième tentative qui permettrait à la junte française et à ses supplétifs de planifier et de conduire des actions de déstabilisation contre l’AES », affirme le colonel Amadou.

Aucune annonce diplomatique

S’ils fustigent la Cédéao dans ce communiqué commun, les militaires au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso ne font aucune annonce diplomatique, comme le rappel de leurs fonctionnaires qui travaillent pour l’institution.

Ils mettent toutefois l’accent sur les questions sécuritaires : « Le collège des chefs d’État de la confédération décide de mettre les forces de défense et de sécurité en état d’alerte maximale, appelle les populations de l’AES à redoubler de vigilance et à rejeter les propositions d’enrôlement au sein de groupes terroristes », ajoute le colonel. 

Alors que la Cédéao envisageait une poursuite des médiations menées notamment par le Togo et le Sénégal, l’AES semble fermer cette porte diplomatique en dénonçant « des manœuvres de déstabilisation initiées par une poignée de chefs d’État qui imposent leur désidérata. »

« Les responsables de ces pays ont tout intérêt à jouer cette escalade »

Pour Paul Simon Handy, chercheur au sein de l’Institut d’Études et de Sécurité (ISS) basé à Addis-Abeba, la stratégie du passage en force de l’AES est la seule possible pour les militaires au pouvoir qui souhaitent organiser, notamment au Mali, des élections hors du contrôle de l’organisation ouest-africaine : « Se confronter à la Cédéao, l’accuser d’être le véhicule par lequel des puissances étrangères voudraient influer sur le devenir des pays était une stratégie qui marchait. Elle procède par projection. Appeler le gouvernement français, la « junte française » est une véritable projection. Les responsables de ces pays ont tout intérêt à jouer cette escalade. Mais à vrai dire, les raisons de ce durcissement sont ailleurs. En voulant s’extraire de la Cédéao, ils veulent s’extraire du contrôle qu’elle aurait sur la sortie. »

L’opposant malien en exil, Ismael Sacko, président du Parti Social-Démocrate Africain, estime que les annonces des juntes au pouvoir au sein de l’AES sont en contradiction avec des annonces faites précédemment :

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